dimanche, juin 24, 2012

Brigitte Martin - Québec je t'aime (L'Étiquette L1002; 1971)


Chers Québécoises, Québécois et québécophiles et touristes de la Belle Province, bonne Saint-Jean-Baptiste! 

Plus ça change au Québec, plus les mêmes constats socio-culturels semblent se répéter alors que le rêve d'indépendance mijote toujours au coeur des souverainistes. Ce simple peu commun publié en 1971 sur le microscopique label L'Étiquette (deux simples répertoriés, dont un autre de François Berthiaume) résonne toujours aussi fort 41 ans plus tard!

 Le Grand Ménage: Jacques Quesnel & Brigitte Martin.

La chanteuse Brigitte Martin fut l'une des nombreuses interprètes depuis les années 70 (Claude Gauthier, Gilles Vigneault, Luc & Lise, Paul Piché, Félix Leclerc, Modus Vivendi, etc.) à condenser les motivations de tout un peuple à se distinguer de ses «voisins canadiens». Au sein du duo Le Grand Ménage -un nom déjà plus qu'évocateur!- cette enseignante-devenue-chanteuse eut le temps de commettre deux 45 tours. Rapidement dépisté par le producteur Gilles Brown, le duo enregistrerait pour l'étiquette Apollo (une sous-division de Polydor) notamment un tube mineur (Quelle famille ) et une composition engagée, Les chômeurs québécois. Leur brève existence ne dépasserait pas ces 45 tours et au tournant de 1971, Martin lançait sa carrière solo. Elle délaissait ainsi son comparse Jacques Quesnel pour se rapprocher de l'arrangeur et producteur Jacques Crevier. Alors que Le Grand Ménage proposait un amalgame typique de folk et de pop avec quelques élans plus ludiques voire western, Martin cherchait à faire sa marque avec un hymne plus dramatique et à fleur de peau.

Le Grand Ménage (La Patrie; décembre 1970).

Faute de moyens probablement, le 45 tours fut pressé en mono, lui confirmant, pour l'époque en quelque sorte, le statut de pressage privé. Curieux pour Crevier, généralement habitué à un spectre sonore plus élaboré, mais l'arrangeur avait plus d'un tour dans son sac. L'étonnamment joyeuse composition Chu découragée fut retenue en face A. Le ton est léger, on chante l'oisiveté et la paresse sur un air qui aurait très bien pu plaire à Marthe Fleurant ou plus précisément à Marie Savard, une influence évidente. Personnellement, je ne suis pas un fan des refrains en la-la-la-la-la... que voulez-vous.

Le monde est r'viré à l'envers.
Y'a plus rien à inventer: chu découragée!

La pièce de résistance -et de circonstances!- se terre en face B. Québec je t'aime, cosignée par Martin et Crevier, compresse une dense instrumentation sur laquelle Martin vous décoche une salve de constats patriotiques parfumés à la vitriole. Pas de doute, fallait que ça sorte... Un  guitariste vient saturer en conclusion la trame sonore d'un discours digne des célébrations de la Saint-Jean-Baptiste. Intense! Je perds la trace de Brigitte Martin à la suite de cet unique (?) 45 tours. Si vous avez des informations quant au reste de sa carrière ou celle de son ex-comparse Jacques Quesnel, écrivez-nous. En attendant, bonne écoute et bonne Saint-Jean!

Connaissez-vous un pays où on va continuer à parler en joual
Parce que le joual c'est not' langue
Oui, vous allez voir qu'on va l'bâtir.Le pays bondira pas des familles nombreuses pis des quêtes de missionnaires
Vous allez voir qu'on va le bâtir le pays de l'amour, de l'équilibre et de la liberté




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